- pavé
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• 1312; de paver1 ♦ Ensemble des blocs (de pierre, de bois, etc.) qui forment le revêtement du sol. ⇒ pavage, pavement. « à Tolède, où le pavé est composé de petits cailloux polis » (Gautier). Le pavé de marbre, de mosaïque, d'une église.2 ♦ Spécialt La partie d'une voie publique ainsi revêtue. Pavé humide, glissant. Loc. Brûler le pavé : courir ou rouler très vite. — (De l'époque où le ruisseau occupait le milieu de la rue) Tenir le haut du pavé : occuper le premier rang.♢ La rue, la voie publique. Loc. Battre le pavé. Être sur le pavé, sans domicile, sans emploi. Mettre, jeter qqn sur le pavé (cf. À la rue).3 ♦ (XVIe) Chacun des blocs de basalte, de granit, de grès ou de bois spécialement taillés et préparés pour revêtir un sol. ⇒aussi carreau, 1. dalle. Joints entre les pavés. Poser des pavés. ⇒ paver. Arracher des pavés pour faire une barricade.♢ Loc. Le pavé de l'ours. — C'est le pavé dans la mare, un événement inattendu qui apporte la surprise et le trouble dans une situation tranquille. Avoir un pavé sur l'estomac : avoir un poids indigeste.4 ♦ Fig. Bloc. « Un carré de filet de bœuf, un véritable pavé de viande » (Romains). — Spécialt Épaisse tranche de bœuf à griller. « l'épaisseur sanguine et tendre des “pièces” de charolais, des “pavés”, des cœurs de filet » (Perec). Le pavé de Charolais à la moelle. — Pavé de saumon.♢ Gâteau en forme de pavé. Pavé au chocolat.5 ♦ Fam. et péj. Livre très épais. Un énorme pavé de huit cents pages. — Article de journal imprimé d'une manière massive. Un pavé publicitaire. — Texte trop long et lourdement rédigé. Quel pavé, cette thèse !6 ♦ Inform. Partie séparée (généralement carrée) d'un clavier d'ordinateur comprenant les chiffres et les symboles opératoires.⊗ HOM. Pavée. pavé 2. pavé, ée [ pave ] adj.• 1150; de paver♦ Couvert d'un pavage. Route pavée. Les rues pavées ont été recouvertes d'asphalte. « Les rues de Paris, à peine pavées et couvertes de fange » (Voltaire).Synonymes :- pavage- pavementLa rue, la voie publiqueSynonymes :- chausséepavén. m.d1./d Morceau de grès, de pierre dure, de bois, etc., qui sert au revêtement d'un sol, d'une chaussée.d2./d Revêtement de pavés. Le pavé d'une cour.— Par ext. Le pavé: la chaussée, la rue.|| Loc. fig. Battre le pavé: flâner en désoeuvré.— être sur le pavé: être sans domicile, sans emploi.— Tenir le haut du pavé: être au premier rang, par le pouvoir, la notoriété, etc.d3./d Gros morceau, de forme régulière, d'une matière quelconque. Un pavé de boeuf.|| Fam. Volume imprimé fort épais. Un pavé de quinze cents pages.|| Loc. fig., Fam. Un pavé dans la mare: un événement inattendu qui trouble une situation jusque-là tranquille et sans surprise.⇒PAVÉ, subst. masc.I. A. —1. Revêtement d'une voie publique, d'une cour ou du sol d'un bâtiment, qui est constitué d'éléments (pavés, dalles, pierres, mosaïque) juxtaposés et mis à niveau. Un pavé de dalles (blanches, noires), de marbre; pavé en échiquier; pavé (d'une rue) sonore, glissant, gras, humide; pavé uni, disjoint; résonner, rouler sur le pavé (d'une rue). Marie de Médicis avait voulu que son coeur fût déposé sous le pavé de la cathédrale de Cologne (HUGO, Rhin, 1842, p.90). J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres Le bois retentissant sur le pavé des cours (BAUDEL., Fl. du Mal, 1861, p.92):• 1. Léningrad est la plus belle ville du monde. (...), avec (...) des rues où l'oeil se perd en largeur comme en longueur, pavées d'un carrelage en tronçons de bois, un pavé doux et luxueux comme un tapis.TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.332.♦Rester sur le pavé. Être laissé mort ou grièvement blessé. Synon. rester sur le carreau. Il avait peine à achever. «Quatre-vingts têtes restèrent sur le pavé. Nous incendiâmes le bourg (...)» (GOZLAN, Notaire, 1836, p.63).Au fig. Échouer. Synon. être collé, étendu (arg. scol.). Bruhl passait septième; Paulin Zeller onzième; Christiani restait sur le pavé, tête de liste des refusés (MALÈGUE, Augustin, t.1, 1933, p.186).2. P. méton.a) Chaussée (pavée) d'une rue. La voiture tenait le milieu du pavé, et on entendait dans la rue les cris de terreur de ceux qui la voyaient venir (DUMAS père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.696). Quelques échoppes plus basses que le pavé entre-bâillent leur trou et l'on y voit s'agiter des ombres (TAINE, Voy. Ital., t.1, 1866, p.10):• 2. De ces avenues de grands tombeaux de famille, on passait à des carrefours dont le pavé était couvert de malades et de mourants étendus sur des matelas et abandonnés sans secours.CHATEAUBR., Mém., t.4, 1848, p.61.♦Le pavé du roi (vx). Voie, endroit public. Aurez-vous bientôt débarrassé la porte (...) —Tais-toi, vilain marlou (...) d'ailleurs nous sommes sur le pavé du roi (VIDOCQ, Mém., t.4, 1828-29, p.156).b) Locutions♦Brûler le pavé (vieilli). [En parlant de voiture à cheval] Rouler très vite. J'arrive ici à la porte en deux temps; 3 fr. la course; le fiacre brûlait le pavé, un cocher de choix (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.435).♦Disputer (à qqn), céder (à qqn), tenir (ou un verbe appartenant aux mêmes paradigmes) le haut du pavé. Disputer, céder, occuper une place dans un groupe ou une position très en vue. Les Misérables tiennent le haut du pavé (...). Le succès des Misérables a sévi et continué de sévir au delà de tout ce qu'on pouvait craindre (SAINTE-BEUVE, Poisons, 1869, p.53). Les romanciers tiennent à cette heure le haut du pavé littéraire (ZOLA, Doc. littér., Gautier, 1881, p.129):• 3. Et après dix ans de cette vie agréable, qu'aurai-je fait? disait Fabrice; que serai-je? Un jeune homme mûr qui doit céder le haut du pavé au premier bel adolescent qui débute dans le monde, lui aussi sur un cheval anglais.STENDHAL, Chartreuse, 1839, p.115.♦Prendre le haut du pavé. L'emporter sur quelqu'un. Les experts dans l'art de tuer savent que, de deux adversaires, le plus habile peut prendre le haut du pavé, pour employer une expression qui rende par une image l'effet de la garde haute (BALZAC, Rabouill., 1842, p.540). Il ne songeait plus comme autrefois: «Sa belle loyauté», mais: «On me brave. On veut prendre le haut du pavé» (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p.1407).3. P. méton. et/ou p.métaph.a) La rue en tant qu'elle symbolise la déchéance sociale ou morale. Synon. rue, trottoir. C'était pour Sainte-Beuve quitter le pavé parisien, les blanchisseuses, les petites filles (GONCOURT, Journal, 1863, p.1284). Des chômeurs minables, des Algériens, des Polonais, des chemineaux (...) que Gomar allait ramasser sur le pavé de Lille (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p.39):• 4. ... c'est alors que je l'ai ramassé presque sur le pavé. Vous m'entendez: sur le pavé! et il est d'une bonne famille: son père, qui est mort, avait rang de ministre plénipotentiaire ou même d'ambassadeur.DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p.19.— Locutions♦Enfant (ou un subst. équivalent) du pavé. Une verve gouailleuse d'enfant du pavé parisien, étonnant de son bruit le mauvais lieu de la petite ville (E. DE GONCOURT, Élisa, 1877, p.55). Cette sottise (...) l'avait plus tard jetée aux bras du patron millionnaire, en fille intelligente du pavé parisien, désireuse à son tour de monter d'un échelon (ZOLA, Fécondité, 1899, p.163).♦Être (ou un verbe équivalent) sur le pavé. Être sans domicile, p.ext., sans ressources et sans travail. Synon. être à la rue. On nous a chassés; nous nous sommes trouvés de nouveau à midi, sur le pavé, M. Vingtras, son épouse et son rejeton (VALLÈS, J. Vingtras, Enf., 1879, p.240). Elle était sur le pavé, sans la moindre relation, ayant rompu avec son mari (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p.307).♦Jeter, mettre sur le pavé. Expulser de son domicile, de son travail. Synon. mettre, jeter à la porte, à la rue (v. rue1). On jette sur le pavé tous ces équipages! Les hommes à grand'peine se replacent dans le commerce (MICHELET, Journal, 1845, p.616). Elle le rencontra devant sa maison, jetée elle aussi sur le pavé par son propriétaire, qui venait de faire poser un cadenas à sa porte (ZOLA, Nana, 1880, p.1319).b) Vieilli. La rue en tant qu'elle symbolise le peuple qui s'insurge ou qui peut s'insurger. Synon. la rue. Le lendemain des Barricades (...) que va faire le Coadjuteur, tribun du peuple, maître du pavé (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t.5, 1851, p.258):• 5. La faveur du détaillant parisien est un thermomètre politique infaillible; il y a peu de chances de succès pour les causes qu'il n'adopte pas, et celles qu'il abandonne sont bien compromises. Le niveau du pavé lui appartient, et le pavé, à Paris, c'est l'empire.REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.159.c) Vieilli. Le pavé de (+ subst. désignant une ville). L'ensemble des rues d'une ville; cette ville.♦Sur le pavé (d'une ville). Synon. de sur la place de. C'est un beau titre à acquérir que celui de propriétaire sur le pavé de Paris (JOUY, Chaussée, t.2, 1812, p.133). À la guerre il avait été d'une bravoure admirable (...). Sur le pavé de Nancy il avait peur de tout (STENDHAL, L. Leuwen, t.1, 1836, p.43).♦Battre le pavé (d'une ville). Errer (oisivement) dans les rues; parcourir tous les lieux d'une ville (à la recherche de quelque chose, en particulier d'un travail). Il bat le pavé de la ville, le nez au vent tel qu'un chien qui lève, flairant l'odeur des cuisines et des rôtisseries (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p.2). J'employai une quinzaine de jours à battre le pavé de Naples dans l'espérance de le rencontrer ou de reconnaître, pour tout le monde, le chemin de sa demeure (MILOSZ, Amour. initiation, 1910, p.248).Batteur de pavé. Un batteur de pavé, D'origine quelconque et de sang peu prouvé (HUGO, Légende, t.2, 1859, p.487).— P. anal., littér. Bien connu sur le pavé de la littérature (RENARD, Journal, 1897, p.439). Ils étaient dans les champs et avaient quitté le pavé des hommes (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p.316).B. —P. méton.1. a) Bloc (de pierre, de bois...) de forme régulière, plus ou moins cubique, dont on se sert pour faire un pavage. Ils font des barricades avec les pavés, montent dans les maisons et tirent sur les troupes (VIGNY, Journal poète, 1830, p.913). Les pavés de grès qui formaient le parquet gardaient et rendaient tour à tour l'humidité (BALZAC, Pts bourgeois, 1850, p.132):• 6. L'échantillon d'un pavé est l'expression de ses dimensions dans les trois sens. Les pavés de gros échantillon offrent plus de résistance à la rupture et présentent plus de stabilité...BOURDE, Trav. publ., 1929, p.68.♦Dessous (sous) les pavés, (il y a, c'est) la plage. [Slogan de Mai 1968] V. Journal mural, mai 68, Paris, Tchou, 1968, p.30.SYNT. Pavé de bois, de granit; tas de pavés; poser, tailler des pavés, arracher des pavés (dans une émeute); pavés, briques, carreaux et dalles.b) Locutions♦(Jeter, lancer) un pavé dans la mare (aux canards, aux grenouilles). (Prendre) une position, (faire) une révélation qui fait scandale, qui dérange les habitudes et jette le trouble. Le coup d'état artistique de ce rêveur silencieux, car la mesure venait uniquement de lui; et l'effarement, le tapage de tous, à la suite de ce pavé tombé dans la mare aux grenouilles (ZOLA, L'OEuvre, 1886, p.128). Le célèbre mathématicien s'est fait à sa réputation de M. Scandale. À ses côtés cette fois, pour un nouveau pavé dans la mare, plusieurs scientifiques de renom (Libération, 25 janv. 1983, n° 524, p.16). V. grenouille A 2 e ex. de De Gaulle.♦Pavé (de l'ours). [P. allus. à la fable de La Fontaine L'Ours et l'Amateur de jardin] Action (notamment un éloge) accomplie avec bonne intention mais qui, par sa maladresse, se retourne contre celui que l'on voulait aider. Ah non! Pas votre pitié! Assez de pavés de l'ours! N'en jetez plus! (MONTHERL., Pitié femmes, 1936, p.1144). Ce roman politique [Deux mille ans de bonheur de Macciocchi] appartient autant à l'Italie qu'à la France, comme d'autres oeuvres dont le rappel risquerait d'opérer comme le pavé de l'ours (Le Monde, 15-16 mai 1983, p.9).♦(S')attacher, (se) mettre un pavé au cou. Puis-je vous attacher au cou un pareil pavé? Au lieu de vous laisser une bonne affaire, je vous laisserais une faillite peut-être (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p.603).♦Avoir un pavé sur l'estomac, sur la langue. Elle dit que c't escogriffe de Rodin a un pavé dans l'estomac (POULOT, Sublime, 1872, p.36). Quelque chose pesait sur sa langue, un pavé qui la paralysait (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p.14).♦Avoir un pavé dans la poitrine. Nous nous entendrions très bien ensemble, j'en suis sûr (...). Vous verriez peut-être qu'après tout je n'ai pas un pavé dans la poitrine (ZOLA, Renée, 1887, IV, 6, p.381).c) P. méton. et/ou p.métaph., vieilli. [P. allus. aux pavés utilisés comme arme de jet dans les insurrections populaires] (Jeter) un pavé (à qqn). (Lancer) un argument très percutant. Ils ont su faire d'une théorie toute scientifique un pavé que les partis se jettent à la tête (GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1856, p.261).2. P. anal.a) Un pavé de qqc. Bloc compact (de quelque chose). Des cubes de dattes pressées, pareils à d'énormes pavés d'ambre, se débitent au couteau (MORAND, Route Indes, 1936, p.115). Des pavés de pierreries jetèrent au soleil leurs feux ingrats (COLETTE, Chambre d'hôtel, 1940, p.13).— Au fig., littér. Les femmes grecques ont presque toutes au fond du coeur un bon pavé d'indifférence (ABOUT, Roi mont., 1857, p.38). Mais il [Georges Hugo] se disait qu'il ne soulèverait jamais le lourd pavé de gloire posé par son grand-père sur son berceau (L. DAUDET, Entre-deux-guerres, 1915, p.37).b) Spécialement— ART CULIN. ,,Apprêt en forme de pavé`` (Ac. Gastr. 1962); p.méton., le mets, l'aliment ainsi apprêté (pâtisserie, fromage, viande). Pavé de rumsteak, pavé au poivre. Et les pavés au café, et les caustiques croissants à l'orange (COLETTE, op.cit., p.137). Il existe toute une gamme de pains d'épices, encore accrue par sa présentation en une infinité de figurines ou de découpages: pavés ou barres (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p.20).— TYPOGR. Alignement caractérisé par l'absence de renfoncé en début et en fin d'alinéa (d'apr. Impr. 1977); composition massive, sans alinéa. Le «pavé» est souvent limité à la composition de textes ne comportant qu'un seul alinéa et aux titres qui s'y prêtent (Impr. 1977).♦P. méton. Texte, en particulier annonce publicitaire, ainsi composé (d'apr. VOYENNE 1967 et Presse 1981).— INFORMAT. Pavé optique. ,,Zone rectangulaire dense, exposée sur le film [un microfilm] sous chaque image, permettant un accès à l'information par comptage d'images`` (Microgr. 1980).c) Fam., dépréc. Article, livre que sa longueur, sa présentation compacte, son contenu ardu ou son style lourd rendent ennuyeux. Elle (...) rapporta (...) les tomes haillonneux, le gros pavé mal relié (COLETTE, Gigi, 1944, p.130). Quel prodige de réussir à faire lire «le fait féminin», ce «pavé» passionnant mais pas très digeste, par des cadres débordés (Le Monde, 4 juin 1978 ds GILB. 1980).II. —MATHÉMATIQUESB. —Ensemble de points d'un espace topologique, dont chacune des coordonnées est élément respectivement d'intervalles de l'ensemble des nombres réels. Voir J. LELONG-FERRAND, J.-M. ARNAUDIES, Cours de Math., t.2, 1977, p.95.REM. Paveton, subst. masc., arg., synon. (supra I B). La rue où le néon des boîtes de nuit plaquait de l'arc-en-ciel sur les pavetons gras (LE BRETON, Rififi, 1953, p.35).Prononc. et Orth.:[pave]. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist.1. 1312 «assemblage de pavés» (Olim, éd. Beugnot, t.2, p.570); 1559 fig. demeurer sur le pavé «rester inconscient après une rixe» (J. GRÉVIN, Trésorière, éd. L. Pinvert, IV, 2, p.101); 1606 (NICOT, s.v. batre:Batre le paué, pour se promener par la ville oisifuement); 1637 estre sur le pavé «être à la rue» (Cl. DE SAUMAISE, Let. in Les Correspondants de Peiresc, I, 390 [360] ds QUEM. DDL t.19); 1868 pavé de l'ours (LITTRÉ); 2. 1589 «chacun des blocs servant à faire le revêtement des sols» (Adieu fait à la ville de Bloys ds Anc. poés. fr., éd. A. de Montaiglon, t.6, p.219); p.anal. 1868 (LITTRÉ: Pavé. Grosse pièce de pain d'épice); 1880 «article critique lourd et indigeste» (FLAUB., Corresp., p.381); 1963 math. (Lar. encyclop.: Pavé. Produit de plusieurs intervalles au sens de la théorie des ensembles). Part. passé subst. de paver. Fréq. abs. littér.: 2503. Fréq. rel. littér.: XIXes.: a) 3109, b) 6319; XXes.: a) 3908, b) 2254. Bbg. CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p.337. —QUEM. DDL t.19. —SAIN. Sources t.3 1972 [1930], p.225, 229.pavé [pave] n. m.ÉTYM. 1312; p. p. substantivé de paver.❖1 Ensemble des blocs de pierre, de bois, etc. (→ ci-dessous, 2.), des cailloux… qui forment le revêtement d'une route, d'une rue, d'une cour, du sol d'une salle (→ 1. Arche, cit. 9), etc. ⇒ Pavage (2.), pavement (1.) → argot. Paveton. || Le pavé de marbre, de mosaïque, d'une église. — Spécialt. La partie d'une voie publique ainsi revêtue. || Le pavé disjoint, inégal (cit. 8) d'une rue. || Pavé sec, propre (→ Gelée, cit. 2), glissant (cit. 2), gras (cit. 27)… || Pluie qui poisse (→ Appui, cit. 17), lave le pavé (→ Grand, cit. 28). || Le galop (cit. 2) des chevaux retentissait sur le pavé. ☑ Brûler (cit. 12 et 13) le pavé. — (Autom.). || Tenir le pavé : avoir une bonne tenue de route.1 (…) à Tolède, où le pavé est composé de petits cailloux polis, luisants, aigus qui semblent avoir été placés avec soin du côté le plus tranchant (…)Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 103.2 Quand il (le fidèle) a fini de lever les yeux (…) s'il regarde le sol où il s'avance, il marche sur une Bible gravée dans la pierre en miraculeuses images. Un art est là, plus fin que la mosaïque (…) Ce pavé n'est pas le témoin d'une ardeur éphémère : on y a travaillé pendant plus de deux cents ans (…) Les Sibylles du Pavé, à Sienne, l'emportent de loin sur les figures symboliques de Raphaël.André Suarès, Voyage du Condottiere, « Sienne », XIII.♦ Anciennt (à l'époque où le ruisseau occupait le milieu de la rue). ☑ Loc. Le haut du pavé : la partie d'une rue la plus proche des maisons. || Le haut du pavé, endroit de la rue le plus propre et le plus sûr pour marcher, était réservé à la personne la plus âgée, la plus respectable. — Vx. || Le bas du pavé, situé près du ruisseau.♦ ☑ Loc. fig. Tenir le haut du pavé : occuper le premier rang; dominer, être le maître. — ☑ Céder le haut du pavé à qqn, lui laisser la première place par déférence.♦ Par ext. La rue, la voie publique (→ Noter, cit. 8). ☑ Battre (cit. 24 et 25) le pavé. || Batteur (cit. 3) de pavé. — ☑ (1637). Être sur le pavé : être sans domicile, sans emploi. ☑ Mettre, jeter (→ Meuble, cit. 8) qqn sur le pavé. → Mettre à la rue.3 Dans la civilisation actuelle, si incomplète encore, ce n'est point une chose très anormale que ces fractures de familles se vidant dans l'ombre, ne sachant plus trop ce que leurs enfants sont devenus, et laissant tomber leurs entrailles sur la voie publique. De là des destinées obscures. Cela s'appelle, car cette chose triste a fait locution, « être jeté sur le pavé de Paris ».Hugo, les Misérables, III, I, VI.4 Je veux quelqu'un que je puisse balancer au bout de deux mois, s'il ne donne pas satisfaction, sans que ça fasse un drame (…) Un homme de l'âge de M. Paul, on hésite davantage à le flanquer sur le pavé.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, XX, p. 242.♦ Sur le pavé de Paris : dans Paris. || « Vous ne trouverez pas la pareille sur le pavé de Paris » (Académie).5 En résumé, une de ces femmes qui veulent bien faire comme les autres, à la condition que les autres n'en sachent rien ? (…) Elles sont comme ça quelques milliers sur le pavé de la capitale.Courteline, Boubouroche, I, 2.♦ ☑ (1561, in D. D. L.). Demeurer, rester sur le pavé, inconscient, assommé.2 (XVIe). || Un, des pavés. Chacun des blocs, généralement cubique ou parallélépipédique, de pierre dure (basalte, granit, grès [cit. 1], porphyre…), de bois (→ Macadam, cit. 1), etc., spécialement taillés et préparés pour revêtir la chaussée d'une route, d'une rue, le sol d'une cour, d'une salle… ⇒ Carreau, dalle. || Types et dimensions variés des pavés : pavé d'échantillon, pavé bâtard, pavé mosaïque… || Pavés disposés en arête de poisson. || Pavés artificiels à base de bitume, etc. || Face, parement d'un pavé. || Joints entre les pavés. || Couchis sur lequel on pose les pavés. || Enlever (⇒ Dépaver), enfoncer (⇒ 2. Hier), poser des pavés. ⇒ Paver. || Hiement, repiquage des pavés. — Arracher les pavés pour faire une barricade (→ Épaulement, cit. 1; hardi, cit. 21).6 Elle (la barricade) était bâtie de manière que les combattants pouvaient, à volonté, ou disparaître derrière, ou dominer le barrage et même en escalader la crête au moyen d'une quadruple rangée de pavés superposés et arrangés en gradins à l'intérieur. Au dehors le front de la barricade, composé de piles de pavés et de tonneaux reliés par des poutres et des planches (…) avait un aspect hérissé et inextricable.Hugo, les Misérables, IV, XII, V.♦ ☑ Loc. div. Le pavé de l'ours. — ☑ Fam. C'est le pavé dans la mare aux grenouilles, dans la mare aux canards, se dit d'un événement inattendu qui jette le désarroi, dérange les habitudes, fait scandale.7 Mais la façon dont les Anglo-Saxons se comportaient à notre égard justifiait que nous jetions un pavé dans leur mare diplomatique.Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, t. III, p. 198.♦ ☑ Loc. fig. Avoir un pavé sur l'estomac, un poids, une quantité de nourriture indigeste.3 (Désignant des blocs, avec l'idée de grosseur). || Un pavé au poivre : gros steak au poivre.8 C'est un carré de filet de bœuf rôti saignant, garni de pommes soufflées et de cresson (…) c'est un véritable pavé de viande. Quelque chose de réellement cubique. Le couteau qui l'a taillé a pu conduire comme il lui plaisait, dans les six directions, des tranches parfaites.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, VI, p. 44.♦ Gâteau, morceau de pain d'épice en forme de pavé plus ou moins allongé. || Un pavé de pain d'épice, de plum-cake (→ Attaquer, cit. 46). || Un pavé en chocolat.♦ Fromage de chèvre en cube, de grand format.4 Article de journal imprimé d'une manière massive; article trop long et lourdement rédigé. — Courte annonce publicitaire ou bref entrefilet rédactionnel inséré dans une page et mis en valeur par un cadre.♦ Livre très épais, d'une lecture ardue ou ennuyeuse. || Publier un pavé indigeste.❖DÉR. Paveton.HOM. Pavée, paver.
Encyclopédie Universelle. 2012.